Depuis le début de l’année 2025, le taux de change du dollar américain oscillait entre 2 850 et 3 000 francs congolais (CDF) dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, à l’est de la République démocratique du Congo. Cette zone, déjà fragilisée par l’insécurité persistante due aux groupes armés, subit aujourd’hui une autre forme de pression : celle d’un marché insensible à la baisse du taux de change.
📉 Une chute brutale du taux officiel
Le 03 novembre 2025, la Banque Centrale du Congo (BCC) a fixé le taux officiel à 2 261,1793 CDF pour 1 USD, soit une baisse de près de 25 % par rapport aux taux pratiqués en début d’année. Cette décision, censée renforcer la monnaie nationale et alléger le coût des biens importés, n’a pourtant pas eu l’effet escompté sur le terrain.
🛒 Des prix qui résistent… voire augmentent
Dans les marchés de Goma, Bukavu et leurs environs, les commerçants continuent d’afficher les mêmes prix qu’avant la baisse du taux de change. Un produit ou service vendu à 10 000 CDF il y a un mois coûte toujours autant, voire plus. Cette inertie des prix soulève des questions sur la transmission réelle des politiques monétaires vers l’économie locale.
Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette situation :
- Manque de régulation des prix : l’absence de contrôle empêche l’ajustement automatique des tarifs.
- Méfiance des commerçants : face à une instabilité chronique, beaucoup préfèrent maintenir leurs marges.
- Coûts logistiques et sécuritaires élevés : dans une région en conflit, le transport et la sécurité des marchandises restent coûteux.
- Faible pouvoir d’achat : paradoxalement, les vendeurs anticipent une baisse de la demande et augmentent les prix pour compenser.
🗣️ Témoignage : la réalité du terrain
« Je suis commerçant à Bukavu depuis plus de 15 ans. Quand le taux est tombé à 2 261 francs, j’ai espéré que les prix allaient baisser. Mais rien n’a changé. Le sac de riz que j’achetais à 65000 FC est toujours au même prix, parfois même plus cher. Les fournisseurs disent que les coûts de transport et d’insécurité n’ont pas baissé. Et nous, on ne peut pas vendre à perte. Les clients nous accusent, mais nous aussi, on subit. » — Jean de Dieu ZIGABE, commerçant au marché de Kadutu
⚠️ Une population doublement frappée
Pour les habitants du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, cette situation est un coup dur supplémentaire. Déjà confrontés à des déplacements forcés, à la précarité et à l’insécurité, ils doivent désormais faire face à une inflation déguisée, malgré une monnaie nationale théoriquement renforcée.
🎙️ Appel à l’action
Il est urgent que les autorités économiques et politiques :
- Mettent en place des mécanismes de régulation des prix.
- Sensibilisent les commerçants à l’impact du taux de change.
- Soutiennent les ménages vulnérables par des mesures sociales ciblées.
- Renforcent la transparence sur les politiques monétaires de la BCC.
